Depuis sa mise en place en France en 2017, le Nutri-Score s’est imposé comme un repère visuel essentiel pour les consommateurs soucieux de leur santé. Ce logo coloré, apposé sur les emballages alimentaires, vise à orienter les choix vers des produits plus sains. Mais comment est-il calculé ? Que signifie-t-il réellement ? Est-il toujours fiable ? Voici tout ce qu’il faut savoir pour bien comprendre et utiliser le Nutri-Score sans se faire piéger.
Qu’est-ce que le nutri-score ?
Le nutri-score est un logo nutritionnel à cinq lettres (A à E), associé à un code couleur allant du vert foncé au rouge. Il a été développé par l’équipe du Professeur Serge Hercberg et validé par les autorités sanitaires françaises. Il a pour objectif d’aider les consommateurs à évaluer rapidement la qualité nutritionnelle d’un produit alimentaire au moment de l’achat.
À quoi correspondent les lettres ?
• A (vert foncé) : très bon profil nutritionnel
• B (vert clair) : bon profil
• C (jaune) : profil nutritionnel moyen
• D (orange clair) : profil médiocre
• E (rouge) : mauvais profil nutritionnel
Ce score ne s’applique qu’aux produits transformés (hors aliments non transformés comme les fruits, légumes bruts, œufs frais, etc.) et s’affiche sur une base de 100 g ou 100 ml pour permettre la comparaison entre produits d’une même catégorie.
Comment est calculé le nutri-score ?
Le nutri-score repose sur un algorithme développé à partir du système de classification nutritionnelle britannique (FSA score). Le calcul s’appuie sur un système de points attribués selon la composition du produit pour 100 g ou 100 ml :
1. Les points négatifs
Attribués pour les éléments suivants :
• Énergie (en kJ)
• Sucres simples
• Acides gras saturés
• Sodium (sel)
Ces éléments sont associés à des effets négatifs sur la santé lorsqu’ils sont consommés en excès.
2. Les points positifs
Attribués pour la teneur en :
• Fibres alimentaires
• Protéines
• Fruits, légumes, légumineuses, fruits à coque, huiles végétales (colza, olive, noix)
Une formule soustrait ensuite les points positifs aux points négatifs. Le score obtenu est traduit en lettre et couleur selon une grille définie.
Exemple simplifié :
Un produit avec beaucoup de fibres, peu de sucres et riche en fruits peut obtenir un score A même s’il est légèrement calorique, tandis qu’un produit sucré ou salé pauvre en fibres sera probablement D ou E.
Les pièges du nutri-score à éviter :
Malgré sa simplicité, le nutri-score peut induire en erreur s’il est mal interprété.
1. Comparer des produits trop différents entre eux
Le Nutri-Score est pertinent au sein d’une même catégorie (ex. : céréales entre elles, biscuits entre eux). Il n’est pas pertinent de comparer une pizza avec du yaourt ou de l’huile d’olive avec un soda.
⚠️ Une huile d’olive peut être notée D, non pas parce qu’elle est mauvaise, mais parce qu’elle est calorique — ce qui est normal pour une huile.
2. Oublier les quantités consommées
Le score est établi pour 100 g ou 100 ml, or certaines portions réelles sont bien moindres (ex. : 10 g de beurre). Un produit noté C ou D peut tout à fait être acceptable s’il est consommé occasionnellement et en petite quantité.
3. Se laisser piéger par le marketing
Certains produits « ultra-transformés » peuvent être notés A ou B grâce à des ajustements (ajout de fibres, réduction de sucre) mais ne sont pas nécessairement sains. Cela ne doit pas occulter la qualité des ingrédients ou la présence d’additifs.
Un score évolutif et parfois controversé
Le nutri-score est volontaire pour les industriels, même si de plus en plus d’entreprises l’adoptent, notamment en France, Belgique, Espagne, Allemagne et aux Pays-Bas. Certains lobbies, notamment agroalimentaires, ont tenté de retarder ou d’influencer son adoption.
En 2024, une mise à jour de l’algorithme a été validée pour :
• pénaliser davantage les viandes rouges et transformées,
• favoriser les poissons,
• mieux noter les huiles végétales de qualité,
• ajuster les notes des céréales du petit déjeuner souvent sur-notées.
Nutri-score vs autres labels
Il ne faut pas confondre le nutri-score avec :
• Le label Bio : qui garantit des modes de production, pas nécessairement une meilleure qualité nutritionnelle.
• Les labels “sans sucre”, “sans gluten”, “light” : souvent utilisés pour le marketing, sans lien direct avec la qualité globale du produit.
Un produit peut être bio et avoir un Nutri-Score D (ex. : chips bio), ou ne pas être bio mais obtenir un A.
Conseils pour bien l’utiliser
• Comparez des produits similaires entre eux (ex. : choisir le meilleur pain de mie ou les meilleures céréales).
• Regardez aussi la liste des ingrédients : courte, claire et sans additifs = bon signe.
• Considérez le produit dans le cadre de votre alimentation globale, pas uniquement en fonction de son score.
• Privilégiez les produits bruts ou peu transformés, qui n’ont souvent pas besoin de Nutri-Score pour être sains (fruits, légumes, légumineuses, etc.).
Le nutri-score : un outil utile, mais pas infaillible
Le nutri-score est un outil pédagogique, pas une vérité absolue. Il permet d’aiguiller les choix vers de meilleures options au sein d’une même catégorie. Il ne remplace ni une éducation nutritionnelle, ni une lecture attentive des étiquettes, ni le bon sens.
En résumé :
• C’est une boussole nutritionnelle utile, surtout pour comparer rapidement.
• Il faut l’utiliser avec recul et discernement, en tenant compte de la nature du produit, de la portion consommée et de sa place dans une alimentation équilibrée.
• Il favorise la transparence et incite les industriels à améliorer leurs recettes.
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Sources :
1. Santé publique France – https://www.santepubliquefrance.fr
2. Hercberg S. et al., Nutri-Score : présentation, objectifs et fondements scientifiques, 2021.
3. Regulation (UE) 1169/2011 – Information des consommateurs sur les denrées alimentaires.
4. Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail : https://www.anses.fr
5. Nutri-Score officiel – https://www.nutriscore.fr