L’été, quand les températures grimpent, notre premier réflexe est souvent de chercher le froid à tout prix : boissons glacées, salades de crudités, fruits frais sortis tout juste du réfrigérateur. Tout cela semble logique et instinctif. Pourtant, de nombreuses cultures vivant sous des climats très chauds continuent à boire chaud et à consommer des plats chauds même en pleine saison estivale. De l’Inde au Maghreb, en passant par certaines régions d’Afrique ou d’Asie, le thé fumant et les plats mijotés font partie intégrante de la routine quotidienne, y compris sous un soleil de plomb.
Pourquoi ce choix, qui semble à contre-courant de nos habitudes occidentales ? Et surtout, est-ce bénéfique pour l’organisme ? La réponse est oui, et plusieurs mécanismes physiologiques et digestifs permettent de le comprendre. Voici pourquoi continuer à consommer chaud pendant l’été est non seulement cohérent, mais aussi bénéfique pour votre santé.
Le chaud, un allié naturel de la thermorégulation

La transpiration, lorsqu’elle s’évapore à la surface de la peau, entraîne une perte de chaleur par évaporation. C’est précisément ce processus qui rafraîchit réellement le corps. Ainsi, dans un environnement chaud et sec, une boisson chaude peut, contre toute attente, produire un effet plus rafraîchissant qu’un verre glacé.
Des chercheurs de l’université d’Ottawa, au Canada, ont montré que boire chaud peut améliorer l’efficacité du refroidissement du corps, à condition que l’environnement permette à la sueur de s’évaporer correctement. Cela explique pourquoi cette pratique est si répandue dans les régions arides ou chaudes où l’air est sec.
Les boissons glacées : un faux ami pour l’organisme

En outre, le froid a un effet vasoconstricteur : il contracte les vaisseaux sanguins, y compris ceux du système digestif. Cela peut ralentir le transit, perturber la digestion et provoquer des inconforts comme des ballonnements ou des crampes. En médecine traditionnelle chinoise, on considère d’ailleurs que boire glacé « éteint le feu digestif », en ralentissant les processus métaboliques essentiels à une bonne assimilation des aliments.
Une meilleure digestion avec des plats chauds
Le système digestif fonctionne de manière optimale à température corporelle. Or, les aliments très froids ou les crudités en excès demandent un effort supplémentaire au corps pour être digérés. Cela peut générer de la fatigue digestive et un inconfort intestinal, en particulier chez les personnes ayant un système digestif sensible ou ralenti.
Au contraire, les aliments cuits, tièdes ou chauds sont plus faciles à assimiler. La cuisson, en ramollissant les fibres, facilite leur dégradation par les enzymes digestives. De plus, les plats chauds ont tendance à stimuler la production de sucs gastriques, ce qui optimise la digestion.
Cela ne signifie pas qu’il faut renoncer aux salades ou aux fruits frais en été. L’idée est de maintenir un certain équilibre : alterner entre cru et cuit, froid et chaud, pour soutenir le travail digestif sans l’épuiser.
Des repères culturels et physiologiques

Ces pratiques s’appuient sur une connaissance intuitive mais très fine du fonctionnement du corps humain. Elles rejoignent les observations scientifiques modernes : maintenir une température interne stable, soutenir la digestion, favoriser l’hydratation et éviter les chocs thermiques.
Le chaud, un soutien émotionnel aussi
Il ne faut pas sous-estimer le rôle du chaud sur le plan sensoriel et émotionnel. Un thé ou une soupe peut procurer une sensation de réconfort et de recentrage, même en plein été. Le chaud invite à la lenteur, au moment présent, à une forme de pleine conscience dans l’alimentation. Cela contraste avec la frénésie du froid, souvent associé à la vitesse, à la consommation en mouvement, au besoin urgent de « rafraîchir » sans prendre le temps.
Comment adapter son alimentation estivale ?
Il ne s’agit pas de manger de lourds ragoûts en pleine canicule, mais de ne pas exclure systématiquement les aliments chauds de l’alimentation estivale. Voici quelques idées concrètes :
•Commencer la journée avec une boisson chaude : thé vert, infusion de citron et gingembre, eau tiède.
•Introduire des plats tièdes et digestes le midi : une viande ou un poisson grillé, une poêlée de légumes
•Le soir, opter pour une soupe froide tiédie puis un plat chaud léger a satiété
•Privilégier les infusions digestives (verveine, camomille, fenouil) plutôt que les boissons très froides ou sucrées.
Même en été, boire et manger chaud reste bénéfique. C’est une façon respectueuse d’accompagner les besoins naturels du corps : digestion, thermorégulation, apaisement. Contrairement aux idées reçues, le chaud ne « donne pas plus chaud » s’il est consommé intelligemment. Il s’agit d’écouter son corps, de varier les plaisirs et de garder en tête que la température d’un aliment ne doit pas toujours refléter celle de l’air extérieur.
Intégrer quelques repas chauds ou tièdes dans une journée estivale, c’est aussi faire preuve de bon sens nutritionnel. Une manière douce, mais efficace, de prendre soin de son équilibre intérieur.